« Yo Gee Ti » : objet organique, en chinois. Autrement dit le corps, cette matière vivante que le chorégraphe Mourad Merzouki explore depuis une vingtaine d’années dans sa danse, après être passé, plus jeune, par les arts martiaux, la boxe et le cirque.
Initiateur, avec Kader Attou notamment, de la reconnaissance institutionnelle de la danse hip hop en France, Mourad Merzouki a déjà à son actif dix-sept créations, dont certaines – Käfig (1996), Récital(1998), Terrain vague (2006) – s’inscrivent dans l’histoire de la danse contemporaine. En 2008, il mêlait déjà les styles et les cultures avec Correria-Agwa, en conviant des danseurs brésiliens à se frotter aux mouvements hip hop. Deux ans après Boxe Boxe (déjà diffusé sur ARTE live Web), le directeur du Centre chorégraphique national de Créteil revient à la Biennale de la Danse de Lyon avec une pièce pour dix interprètes, rassemblant danseurs de hip hop français et danseurs taiwanais. Au cœur de cette nouvelle création, Yo Gee Ti, créée en mars dernier à Taipei, Mourad Merzouk entretient un dialogue sur la danse contemporaine basé sur la performance technique, le tout lié par le décor et les costumes de fils de laine dessinés par le styliste taiwanais Johan Ku, qui enserrent les interprètes et structurent l’espace.
« On est bien conscient qu’aujourd’hui on ne convainc pas un public en fonction du nombre de tours que l’on fait sur la tête ou sur la main, mais plus en fonction des risques que l’on va prendre dans les chorégraphies, dans les rencontres, explique Mourad Merzouki. Les chorégraphes hip-hop font ce travail-là et n’hésitent pas à aller vers d’autres formes artistiques qui les nourrissent ». Pour l’artiste, le hip hop est plus qu’un langage de gestes, c’est aussi une forme d’expression internationalisée, capable d’agréger d’autres formes chorégraphiques. Tel un un Yo Gee Ti, un corps organique aux multiples branches sensibles à la capillarité, perpétuellement alimenté par les éléments qui l’entourent.
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